Ce n’est qu’au debut du XXe siecle que l’on s’apercoit, dans l’enseignement des langues vivantes, que ce par quoi il faut commencer, c’est la langue parlee et non plus la langue ecrite, la langue des bons auteurs, codifiee et magnifiee par les grammaires du Bon Usage. Quelques decennies plus tard, Petar Guberina professait que seule la langue parlee, cette chaîne sonore formee de sons qui s’enchaînent pour former des mots, des groupes de mots et des phrases, tout cela porte par le rythme et l’intonation, accompagne de gestes et de mimiques, devait se trouver au cœur meme de l’enseignement / apprentissage d’une langue etrangere. C’etait affirmer la primaute de l’oral sur l’ecrit. Et les linguistes de nos jours savent tous que l’on n’atteint vraiment la langue (et le discours) qu’a travers la parole. Pas donc d’aventure – comme l’affirment les auteurs, certainement par pure modestie ou peut-etre a cause de la conscience qu’elles ont de la difficulte de l’entreprise – a vouloir se lancer dans l’analyse du francais oral tel qu’il est parle par des natifs dans des situations de communication tout a fait authentiques, non pas creees dans le laboratoire pour servir les besoins de la cause, mais enregistrees sur bande video, avec le son et l’image des acteurs qui interagissent langagierement a travers des mots, des gestes et des mimiques, regards, sourires ou autres indices non verbaux, avec aussi les attitudes et les postures de leur corps parlant. Bien au contraire, l’entreprise ressemble plutot a une expedition d’alpinistes courageux(es) et lucides qui ont mis au point le moindre detail de leur parcours, qui ont bien prepare le materiel avant l’assaut de la montagne imprevisible et pleine d’embuches.